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désignée sous le nom de ghê vot hon : « La barque qui repêche les âmes. » Ceux qui la montent sont appelés nguoi lam viec vot hon : « Gens occupés à recueillir les âmes. »

Une fois décorée avec tout le soin possible, ornée de lampions en papier multicolore, de plantes et de fleurs pour attirer les âmes éperdues, la barque suit la direction de la marée : c’est alors que commence la cérémonie de nuit, au son du tam-tam, au bruit des gongs, sans oublier celui de la musique, ni les invocations d’usage. Quand on a ainsi fait un assez long parcours sur le fleuve, on rétrograde ; les rameurs se mettent à leur poste, et la barque remonte le courant pour arriver à son point de départ, sans interruption du cérémonial prescrit.

IV. La Fête du Dragon à Cholen

Les Chinois ont à Cholen plusieurs pagodes où ils adorent les génies et Ong : le premier, en l’honneur d’une déesse douée de qualités transcendantes, et possédant une grande influence sur les autres génies ; le second, à la mémoire du héros Quan cong, brave et chevaleresque entre tous. À ces esprits bienfaisants s’en joignent d’autres qui leur font cortège. Telle est la vénération dont les entourent les Chinois, qui attendent d’eux des faveurs, la richesse et la santé, qu’ils célèbrent à leur intention la fête annuelle dite Dung co : « Offrir tableaux vivants. » Ces tableaux sont représentés par de tout jeunes enfants, garçons et filles, richement habillés et placés sur un char, conformément aux rites. Les chars sont conduits à travers les rues de la ville de Cholen, dans la persuasion où l’on est que cette promenade en plein jour chassera les mauvais génies et éloignera les maladies.

Les Chinois disent à cette occasion : T’ien heou sioun yeou : « Reine du Ciel police aller, » ou encore : T’ien ti tchou chen kiou sie tchou kouai : « Ciel terre divers génies chasser démons, chasser maladies. » Pour donner plus de solennité à la fête, on y promène les quatre animaux sacrés : le dragon (long) ; la licorne (lan) ; la tortue (qui) ; le phénix (phung), qui symbolisent les reptiles, les quadrupèdes, les poissons et les oiseaux. La fête bouddhique ne serait pas complète, s’il n’y avait accompagnement de tir de pétards.

V. Une procession chinoise

N’est pas seulement la manifestation extérieure du culte et l’expression publique des croyances : c’est aussi un prétexte à étalage des richesses de la congrégation. Cette cérémonie a lieu à l’inauguration d’une pagode : on promène alors dans la ville