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COUTUMES, CROYANCES, MŒURS ET USAGES
en Chine, dans l’Annam et en Corée

Conférence faite à l’École coloniale, le 18 décembre 1907, par M. Crémazy, premier président de Cour honoraire.

En prenant la parole devant vous, je manquerais à un devoir de convenance si ma première pensée n’était pas de remercier MM. les Président et Membres du Conseil d’administration de l’École coloniale d’avoir bien voulu accueillir ma proposition de faire cette conférence. Dans une matière aussi vaste, et désireux de ne pas fatiguer votre indulgente attention, je m’appliquerai à être le plus bref possible ; pour atteindre ce but, j’éviterai de vous entretenir du droit coutumier de l’Extrême-Orient, si différent, dans ses principes fondamentaux et dans ses applications sociales, du droit privé de l’Occident. Un pareil travail m’entraînerait beaucoup trop loin, et excèderait les limites du programme que je me suis tracé.

Sans autre préambule, j’aborde mon sujet, en faisant observer qu’en Chine et dans l’Annam, les mœurs et les coutumes, les croyances et les traditions offrent entre elles une ressemblance frappante, qui s’explique suffisamment par la communauté d’origine de l’un et l’autre pays.

I. Le têt

On appelle ainsi le premier jour de l’an annamite, qui se célèbre avec le même rite et à la même date variable que le yuan tan, ou premier jour de l’an chinois, sur lequel il est copié, à la nouvelle lune de février[1]. La veille du têt, les Annamites plantent devant leur demeure un bambou, auquel est adapté un petit carré tressé également en bambou, ce qui signifie que dans cette demeure sont interdites toute discussion irritante, toute récla-

  1. C’est au cours de cette lunaison que le soleil entre dans le signe des Poissons. En 1907, le nouvel an chinois a commencé le 12 février. En 1908, il commencera le 2 février.