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pire, les marchands chinois parcouraient avec leurs jonques les mers de l’Inde, et allaient commercer jusqu’en Arabie.

L’établissement de colonies de marchands arabes en Corée est un fait historique désormais indiscutable. Il n’y a donc pas de doute à avoir sur l’existence d’un lien de parenté qui rattache les Coréens aux Arabes, à en juger, d’ailleurs, par les détails caractéristiques suivants : bien des mots de la langue arabe se retrouvant dans la langue coréenne — les traits de ressemblance entre le type coréen, chez les hommes, et le type arabe la façon de s’asseoir des musulmans, les jambes croisées, généralement répandue en Corée — le pantalon bouffant à la mauresque adopté par les Coréens — la femme coréenne de la classe bourgeoise se promenant en ville, le visage couvert d’un voile épais, comme la femme arabe — le Coréen, comme l’Arabe, quittant sa chaussure à la porte en entrant dans un appartement pour ne point salir les nattes et tapis du parquet — la maison coréenne, comme la maison arabe, construite sans fenêtre donnant sur la rue.

XIV. Le peuple chinois à travers les âges

Je me suis efforcé, il n’y a qu’un instant, de rechercher et d’indiquer les similitudes qui existent entre les coutumes de la Chine et celles de l’Annam. Puissé-je avoir réussi à montrer que l’Annamite, avec la souplesse d’esprit qui le caractérise, a su s’approprier les lois civiles, s’assimiler les croyances et l’écriture, conserver les mœurs, observer les cérémonies, respecter les rites, continuer les traditions et copier les usages de l’antique peuple chinois, son initiateur, son modèle, son guide, le tronc dont il est un rameau, la souche d’où il descend en droite ligne !

Quelle prodigieuse longévité que celle du peuple chinois, resté debout alors que tant d’empires se sont écroulés l’un après l’autre ! Il est contemporain des premiers âges du monde : son enfance est celle de l’humanité même. Que de civilisations parvenues à leur apogée et anéanties autour de lui ! Il a été le témoin impassible de la splendeur d’Athènes et de Rome dans l’antiquité ; il en a vu la décadence. Ses annales sont les plus anciennes qu’il y ait sur le globe.

Elles lui rappellent que deux siècles avant la naissance d’Abraham, en l’an 2697 qui précéda l’ère chrétienne, sous l’empereur Hoang-Ti qui fut son premier législateur, il avait inventé et perfectionné la plupart des sciences et des arts : l’astronomie, les armes, les arcs, les chars, les filets, les poids et mesures, les cloches. Depuis quatre mille ans il connaît les instruments aratoires, l’éducation des vers à soie, la fécondation artificielle des rivières ; depuis la même époque, il connaît la poudre à canon, les feux d’artifice, les puits artésiens, les ponts en fil de fer, les lunettes, le papier, l’éclairage au gaz, le système décimal. En l’année 1200 avant notre ère, il découvrait la boussole ; en l’an-