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Le Pou est un ordre de S. M. transcrit sur un morceau de bambou, où sont tracés deux caractères chinois, que l’on divise en deux portions égales dans le sens de la longueur, ainsi que le bambou, et qui signifient : « Levez des soldats. » Lorsque S. M. envoie le morceau de bambou, conservé dans les archives du Palais, à un général commandant des troupes en province, celui-ci, le rapprochant du morceau dont il est détenteur, et constatant qu’ils s’ajustent identiquement, n’a plus qu’à exécuter l’ordre impérial.

Pétitionnaire battant du tam-tam. — Il arrive parfois que des pétitionnaires, voulant appeler l’attention sur eux et faire parvenir à l’autorité publique une plainte dont ils sont porteurs, profitent du jour où S. M. doit sortir du Palais en palanquin, pour battre du tam-tam au passage du cortège impérial. Une peine d’emprisonnement est édictée pour réprimer cet abus, ainsi que celui d’allumer des feux la nuit, sur la montagne, dans le même but.

Pendant l’incendie qui a détruit le Palais impérial et la salle du Trône dans la nuit du 14 avril 1904, on apercevait des individus, montés sur le toit d’une maison voisine, agitant un morceau d’étoffe blanche qu’ils tenaient à la main : ils croyaient ainsi circonscrire les ravages du feu et préserver les bâtiments menacés en essayant de chasser les mauvais génies, ou tout au moins d’apaiser leur colère. Le sinistre aurait été bien plus efficacement combattu au moyen de pompes à incendie ; mais on en eût vainement alors cherché une dans tout Séoul.

Le pavillon national coréen, dont le fond est blanc, contient : a) Un double disque, bleu et rouge, juxtaposé l’un à l’autre, représentant les principes primordiaux, appelés Htai-Keuk ; b) Quatre groupes noirs inventés par Fou-Hi, le premier Empereur qui a régné sur la Chine (année 2953 av. J.-C.). Ces trigrammes, placés obliquement au double disque, sont : ken (ciel) ; kon (terre) ; kam (eau) ; ri (feu). Ils ont été choisis parmi les « huit trigrammes »[1] (hpal-koai, ou en chinois pa-koa) du système de Fou-Hi, pour figurer dans le pavillon coréen. Ces trigrammes sont employés en Chine, comme caractères cabalistiques, dans la pratique des devins, magiciens et sorciers.

Les ordres de décorations en Corée ont été organisés par quatre récents décrets impériaux. — A. Le décret du 17 avril 1900 a institué : 1o L’aune d’or (keum-tchyek), réservée aux Souverains et Chefs d’État. Correspond à l’ordre japonais du « Chrysanthème ». 2o La Fleur de Prunier (yi-ryei), servant à récompenser les fonctionnaires civils ou militaires déjà titulaires de la 1re classe du « htai-keuk ». Une seule classe. Correspond à l’or-

  1. Fou-Hi, fondateur de la civilisation chinoise, trouva, dit la légende, ces lignes mystérieuses sur la carapace d’une tortue. Voy. le P. Huc, L’Empire chinois, t.  I, p. 135.