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et à titre purement documentaire, car, comme le Code chinois (ou Ta-Tsing Lu Li)[1], dont il est le résumé, il renferme tout à la fois des dispositions de droit criminel et de droit privé, des règles d’étiquette et des préceptes d’observance des rites. Le Code coréen, tel qu’il est, pourra — du moins dans une certaine mesure — jeter quelque lumière sur le Code chinois, qui a servi de modèle au Code annamite, promulgué en 1812 sous le règne de Gia-Long.

La dynastie impériale de Corée, dont le nom officiel est YI, a été fondée en 1392 ap. J.-C. par Tai-Tso, le protégé de la dynastie des Ming qui venait de supplanter celle des Mongols en Chine. Une fois affermi sur le trône, Tai-Tso quitta la ville de Song-Do, où avaient résidé ses prédécesseurs et établit sa capitale à Séoul. Il partagea la Corée en huit[2] provinces, et construisit le mur d’enceinte de Séoul, qui a un développement d’environ 28 kilomètres.

Porte commémorative. — On en voit huit de ce genre, peintes en rouge, érigées au-devant d’une maison particulière située à peu de distance de la Porte du Sud, en dehors du mur d’enceinte de Séoul. Le Gouvernement élève ces portes commémoratives pour rappeler les mérites de fidèles sujets, de grands patriotes, de fils renommés pour leur piété filiale ou de femmes renommées pour leur vertu. Une coutume semblable existe en Chine : l’Empereur fait quelquefois élever, à titre de récompense exceptionnelle, un arc de triomphe à l’entrée de la maison d’une veuve vertueuse, qui résiste aux obsessions dont elle est l’objet de la part de son entourage, désireux de la voir se remarier (en chinois : « ajouter une nouvelle corde à son arc — mei hsin hsu hsien. »[3].

Le Htai-sil est un monument funéraire construit sur le lieu où l’on enterre le placenta, le cordon ombilical et l’enveloppe membraneuse du fœtus, après l’accouchement de l’Impératrice ou d’une princesse de la famille impériale.

Le Hem est un laissez-passer délivré d’ordre de S. M., et qui consiste en un morceau de parchemin rouge, attaché à une flèche rouge garnie de pennes blanches, sur lequel est tracé un caractère chinois signifiant : « sûreté ». Le tout est exhibé par un planton aux factionnaires de service à la porte du Palais, pour qu’ils permettent d’y entrer ou d’en sortir un fonctionnaire que l’Empereur mande auprès de lui.

  1. Ces mots signifient « Lois et Règlements de la grande dynastie des Tsing. » Le Code chinois a été promulgué en 1647 ap. J.-C., par Schouen-Tche, le premier empereur de la dynastie régnante des Tsing (dynastie des Mandchous). II monta sur le trône en 1644, à la chute de la dynastie des Ming, qu’il avait expulsée.
  2. Aujourd’hui, treize.
  3. Voy. P. von Mœllendorff, Le droit de famille chinois, p. 34, Paris, Leroux, 1896 ; le P. Huc, L’Empire chinois, t.  I. p. 25.