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il a été Souverain de la Corée, sous le nom de YI-HYENG jusqu’à son abdication, à la date du 20 juillet 1907. Rappelons, en passant, que la femme de l’ex-Empereur, issue de la famille coréenne Min, eut une fin tragique dans la nuit du 8 octobre 1895, à l’ancien palais de Séoul.

L’esclavage existe en Corée. Les hommes ne sont réduits en servitude qu’à titre exceptionnel indolents par nature, ils rendraient peu de services à leurs maîtres, qui se verraient exposés à perdre la somme d’argent placée sur la tête d’un esclave, s’il venait à prendre la fuite. Aussi n’y a-t-il de rares esclaves mâles que dans quelques résidences princières ; chez les particuliers, les femmes seules sont assujetties à la pénible condition de l’esclavage, leur vie durant.

Lorsque la famine désole une province, il s’opère un vaste trafic de femmes et de filles, vendues comme esclaves par leurs maris ou parents, pour une poignée de riz ou pour quelques sapèques (6 à 8 francs, souvent moins), à des marchands avides, spéculant sur la misère publique, qui réalisent de gros bénéfices en revendant chaque personne ainsi livrée 200 ou 300 francs, à la capitale et dans les grands centres.

Quoique cette aliénation ait été consentie par des parents sous l’empire du besoin, elle n’en est pas moins valable. La cession originaire est légalement établie par un acte, signé du vendeur, en présence de témoins. Si la mère est illettrée, elle appose sur une feuille de papier sa main droite, dont les contours sont dessinés à l’aide d’un pinceau : c’est ce qu’on appelle le tchiang ky. Ce mode primitif de signature doit être comparé au diem-chi des Annamites (marque de l’ongle et des phalanges de l’index de la main droite), usage très répandu en Cochinchine pour constater les transactions parmi les personnes illettrées.

La proclamation de l’Empire en Corée est du 12 octobre 1897. À partir de cette date, devenue historique, l’ère Koang-Mou[1] a commencé pour la Corée : chaque année à venir devait porter ce titre, avec le millésime 1 pour la première année (1897), et ainsi de suite : 1907 eût été la XIe année Koang-Mou, si l’Empereur YI-HYENG avait continué à régner. Depuis le couronnement de l’Empereur, la Corée, qui s’appelait autrefois Tjyo-Sen « le Pays du Matin calme », a changé officiellement de nom pour prendre celui de Tai-Han « la Grande Corée ».

La promulgation du Code pénal de la Corée a eu lieu suivant un décret du 29 mai 1905, dans lequel S. M. exprime « le ferme « espoir que ce Code sera appliqué jusqu’à la fin du monde ». De récents événements politiques accomplis à Séoul sont de nature à contredire cette affirmation hyperbolique. Quoi qu’il en soit, le Code coréen[2] pourra toujours être consulté avec fruit

  1. L’ère Koang-Mou a été précédé de l’ère Keum-Yyang.
  2. Voy. notre traduction du Code pénal de la Corée, Séoul, Hodge and Co. printers, VIIe année Koang-Mou (1904).