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Les sacrifices. — Il y en a de trois sortes : les grands sacrifices (tai sya) ; les moyens sacrifices (tjyoung sya) ; les petits sacrifices (syo sya). Le sacrifice offert aux Esprits du Ciel s’appelle sya ; le sacrifice offert aux Esprits de la Terre s’appelle tjyei ; le sacrifice offert aux Mânes s’appelle hyang. Le nom du sacrifice offert dans le culte de Confucius est hyang. Le sacrifice consiste dans une offrande d’encens (hyang), d’étoffes (hpyei), de vin (tjyou), de divers mets et dans la lecture d’une prière[1].

Les bonzes. — Défense leur était faite, autrefois, d’entrer dans la ville de Séoul. La fameuse bonzerie de Sok Ouang Sa (ou Monastère du rêve de Tai-Tso) est située à 400 li[2] de la capitale.

Le nom de Sa Majesté ne peut être prononcé de vive voix par un fonctionnaire, ni écrit dans un rapport officiel, ni adopté dans la construction du nom d’un particulier. Le nom de l’ex-Empereur de Corée était YI-Hyeng ; celui de son fils, l’Empereur actuel, est YI-SYEK. YI signifie « Prunier », dont la fleur est l’emblème national[3]. Le même usage se retrouve dans l’Annam, où le nom personnel du Souverain ne se prononce jamais.

C’est pour y suppléer que les Empereurs, en montant sur le trône, adoptaient une appellation différente des ères de leur règne, comme celles-ci : Gia-Long, Minh-Mang, Tu-Duc[4] (Minh-Mang signifle « miroir éclatant » ).

Les noms coréens. — Outre les noms de famille, qui sont en très petit nombre (145 ou 150 au plus), il y a les noms propres de chaque individu. On en compte habituellement trois : 1o le nom d’enfant, d’ordinaire un des mots de la langue usuelle, qui est imposé quelque temps après la naissance ; 2o le nom propre vulgaire, qui se donne au moment du mariage ; 3o le nom propre légal, composé de deux caractères chinois, qui est employé dans les actes de la vie civile à l’égard des grands dignitaires et des hommes haut placés.

Le sceau impérial confère l’autorité suprême à celui qui le détient[5]. L’histoire rapporte qu’au décès de Tchyel-Tjyong, qui mourut en 1864 sans laisser de postérité, la reine douairière Tjyo, ayant réussi à s’emparer du sceau royal, nomma, comme fils adoptif d’Ik-Tjyong (roi de Corée, ayant régné de 1800 à 1834) — dont elle était la veuve — le jeune prince de sang royal Miong-Pok-I, et l’éleva au trône en instituant « Régent » son père Heung-Song-Koun (Tai-Ouen-Koun), si tristement célèbre dans les annales de la Corée. Cette adoption eut lieu le 21 janvier 1864 : Miong-Pok-I était âgé de douze ans à cette époque ;

  1. Voy. M. Maurice Courant, Sommaire et historique des cultes coréens, p. p. 1, 2 et 3.
  2. Le li est une mesure itinéraire d’à peu près 500 mètres.
  3. L’emblème national du Japon est le chrysanthème.
  4. Voy. M. Philastre, le Code annamite, t.  I. p. 330, sous l’article 62.
  5. Voy. le P. Dallet, Histoire de l’Église de Corée, t.  II, p. p. 498 et 499.