Page:Crémazy - Coutumes, croyances, moeurs et usages en Chine, dans l'Annam et en Corée, 1908.pdf/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 12 —

clôt les réjouissances publiques. La première de ces fêtes porte le nom de cau an : « demander la paix » ; la deuxième s’appelle chap mieu : « célébrer la pagode ».

Il n’est pas hors de propos de dire qu’au-devant de quelques maisons se trouve une niche (ang thu thien), reposant sur un piédestal et destinée à servir d’abri aux génies (than) qui voyagent à travers l’espace. On leur offre du thé le matin ; le soir, on allume en leur honneur des baguettes d’encens, on brûle du papier d’or et d’argent. Cette coutume n’est usitée que chez les Bouddhistes, ce qui ne les empêche pas d’aller à la pagode faire leurs dévotions et des lay à Bouddha.

IX. L’Assistance mutuelle en Chine et dans l’Annam

Rien n’est plus digne d’arrêter l’attention que l’esprit de solidarité[1], le sentiment de charité, le devoir d’assistance mutuelle si admirablement développé chez les Chinois : c’est à qui, chez eux, saisira l’occasion de venir en aide à son semblable, de lui apporter son tribut de condoléances dans les cérémonies funèbres, sa part de réjouissances dans les solennités joyeuses de la famille.

S’agit-il d’un mariage ? Parents et invités offrent au fiancé des « parallèles » (toei tze), longs panneaux en papier ou étoffe écarlate, sur lesquels sont tracés, en vers, des souhaits de bonheur pour les futurs époux ; on leur offre aussi des souliers rouges, quantité de pétards, et même de l’argent si la famille est pauvre. Ce mode de secours s’appelle ho sin houen (en annamite di hô) : « Féliciter le nouveau mariage. »

S’agit-il de funérailles ? Même offrande de « parallèles », où des vers, appropriés à la circonstance, sont écrits sur une étoffe blanche ou noire, signe de deuil ; en outre, don d’argent destiné aux cérémonies rituelles. Les plus proches parents arrivent à la maison mortuaire avec des présents en cire, du papier de cérémonie, des tableaux brodés, des porcs rôtis et même des bœufs vivants, qui sont censés devoir servir au mort dans sa vie d’outre-tombe. Cette variété de secours a reçu le nom de tiao ngai (en annamite di dieu) « Visiter, regretter. »

S’agit-il d’une installation dans une nouvelle maison ? Des invitations s’envoient de tous côtés aux parents, aux amis, aux connaissances, qui viennent en présentant des tableaux rouges, rarement de l’argent, souhaiter longue vie et prospérité à l’amphitryon ; après quoi le festin commence. Ce cadeau spécial porte le nom de ho sin kia (en annamite di an nha moï) : « Jouir de nouvelle maison. »

Tel est un faible aperçu de la vie sociale des Chinois, qui, de-

  1. Voy. M. Maurice Courant, En Chine, Paris, 1901, p. 77.