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POÉSIES


LA GUERRE D’ORIENT


 
« Des bords du Dniéper aux mers de l’Amérique,
« Des rivages du Don aux flots de la Baltique,
« Mon aigle à double tête étend son vol vainqueur ;
« Les peuples ont gardé l’empreinte de sa serre,
« Et, tremblant désormais au bruit de son tonnerre,
« Se taisent de frayeur.

« Pour acheter les rois j’ai l’or de Sibérie ;
« J’ai les îles d’Aland au golfe de Botnie,
« Labyrinthe sans fin dont moi seul ai la clé ;
« Pour garder Pétersbourg, j’ai Cronstadt l’imprenable,
« Solitaire géant qui règne formidable
« Sur son roc isolé.

« Mon peuple m’appartient, hommes, enfants et femmes.
« Je possède les corps et règne sur les âmes ;
« Je dispense à mon gré la joie et la douleur,
« Et le Russe, du ciel redoutant la vengeance,
« Obéit en tremblant à ma double puissance
« De pape et d’empereur.