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octave crémazie

Le lendemain, nous étions sur la route de Meaux, nous traversions Château-Thierry, la patrie du bon La Fontaine. À la gare de Nanteuil-Sancy, M. Bossange nous attendait et nous fit, avec une grâce qui ne s’oublie pas, les honneurs de son vieux castel. Je n’avais pas vu Citry depuis 1867. Monsieur et madame Bossange n’ont guère vieilli ; les années ne font qu’effleurer de leurs ailes ce couple heureux. Ils ont célébré frais et dispos leurs noces de diamant, que Crémazie a chantées en strophes inspirées par la reconnaissance et l’amitié.

Ils sont entourés aujourd’hui comme alors d’amis tels que M. de Courmaceul, gentilhomme de la vieille roche, madame Coolidge, Américaine de naissance, mais toute Française de cœur et d’esprit, petite-fille de l’ex-président Jefferson.

Nous trouvons ici tous les charmes de la vie : hospitalité cordiale, société choisie, délicieux racontars au coin du feu ou parmi les allées du parc.

M. Bossange, causeur exquis, est le digne fils de Martin Bossange, dont Jules Janin a tracé un si délicat portrait dans un de ses feuilletons. Sa vie de libraire à Paris l’a mis en rapport avec une foule d’illustrations, d’artistes, d’écrivains, dont il raconte des anecdotes, des traits de caractère, avec un sel infini qui pique vivement notre curiosité. En nous montrant le buste de Fenimore Cooper par David d’Angers, que l’artiste lui-même lui a offert en présent :

— Savez-vous, nous dit M. Bossange, que mon nom a