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octave crémazie

« L’éclectisme, absurde en religion et en philosophie, m’a toujours paru nécessaire en littérature. Vouloir ne regarder que par l’œil classique, c’est rétrécir volontairement l’horizon de la pensée. Au siècle où nous vivons, nous devons marcher en avant, en suivant, tant qu’elles ne sont pas contraires à la religion et à la morale, les aspirations de notre temps. Quand on ne marche pas, on recule, puisque ceux qui sont derrière nous vont en avant. À cette époque tourmentée d’une activité fiévreuse qui nous entraîne malgré nous, il me semble que nous devons dire comme chrétiens : Sursum corda ! et, comme membres d’une société en travail d’un monde nouveau, nous devons ajouter, en politique comme en littérature : Go ahead !

« Je ne connais pas M. Thibault. Je ne me rappelle même pas de l’avoir jamais vu. Si par hasard vous le rencontrez, veuillez le remercier pour moi de tout le bien qu’il a dit de mes œuvres. Nous n’avons pas les mêmes opinions, mais si j’ai le droit d’admirer l’école actuelle, il est également dans son droit en la blâmant, voire même en la détestant. De gustibus non est disputandum.

« Pour ce poème des Trois morts, voici le plan de la deuxième et de la troisième partie. Les trois amis vont frapper, le père à la porte de son fils, l’époux à celle de sa femme, le fils à celle de sa mère. Le malheureux père ne trouve chez son fils que l’orgie et le blasphème. Pour l’épouse, elle est occupée à flirter