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dernières lettres.

l’inépuisable générosité dont il me donne depuis longtemps des preuves si nombreuses ?

Il m’apprend que les hommes à bons principes ont lancé une accusation de gallicanisme contre la faculté de droit de l’Université-Laval. Ce bon frère a trouvé le mot juste de la situation : c’est un nouveau cheval politique lancé par quelques ambitieux, tous les autres étant fourbus. Cette vieille rengaine des bons principes sera donc toujours exploitée par les saltimbanques politiques ? Ici, c’est la liberté ; chez nous, ce sont les bons principes qui servent aux ambitieux pour arriver au pouvoir.

Pour ce qui est de la théorie de la liberté, je commence à croire que Louis Veuillot a raison. Les immortels principes de 89 ont fait plus de mal à l’humanité que tous les tyrans dont les noms sont voués par l’histoire à la malédiction des peuples.

Quant à moi, je suis tellement écœuré de ce qui se passe en France depuis le 4 septembre, que si feu Louis XIV, de despotique mémoire, revenait sur la terre, je crierais de toutes mes forces : Vive le grand roi ! À bas la liberté !

Joseph me dit que les Français sont descendus bien bas dans son estime, je n’en suis pas étonné, car depuis la proclamation de la république, ils ont donné au monde le honteux spectacle de leur manque absolu de patriotisme. « Quel drôle de peuple ! » m’écrit Jacques. Hélas ! il n’est même plus drôle, il est pourri. Sans croyances religieuses, sans principes politiques