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dernières lettres.

Prussiens bombarderaient immédiatement Paris et auraient raison de la Commune par le fer et par le feu. Je ne vous garantis pas l’authenticité de cet ultimatum, je vous le donne comme un bruit courant. Il est assez naturel que les quatre cent mille Prussiens qui sont encore en France, désirent retourner au plus vite dans leurs foyers. Sans l’émeute parisienne, trois cent cinquante mille auraient déjà passé le Rhin, puisque cinquante mille seulement doivent occuper la Champagne jusqu’au paiement des cinq milliards.

D’après ce que j’entends dire, je crois que d’ici à huit jours, l’émeute sera définitivement vaincue. Le découragement se met dans les rangs des soldats de la Commune. Privé de communications avec la province, Paris n’est plus ravitaillé. Comme pendant le siège, les victuailles se vendent très cher et le cheval remplace le bœuf sur la table des Parisiens. Il pourrait bien se faire que ma prochaine fût datée de Paris. Lundi dernier, j’ai fait la découverte de la bibliothèque publique d’Orléans. C’est là que je passe maintenant une partie de mes journées. Cette bibliothèque renferme trente mille volumes de science, d’histoire, etc. Le bibliothécaire est un beau vieillard, à figure monastique, qui est très affable et très complaisant. Je passe mon temps à étudier les vieilles chroniques d’Orléans.

Sous les Romains, Orléans s’appelait Genabum. Sa fondation par les druides remonte à plusieurs siècles avant l’occupation romaine. La partie des chroniques