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dernières lettres.

Comme nous ne recevons plus de journaux de Paris, nous n’avons à nous mettre sous la dent que les récits des voyageurs. Ce matin, on nous annonce que Neuilly a été bombardé et que trois bataillons de la garde nationale ont été faits prisonniers par les zouaves pontificaux. Est-ce vrai ? J’en doute.

Vous devez être mieux renseignés à Québec sur Paris que nous à Orléans. La Commune est perdue nécessairement. Si Thiers ne réussit pas, les Prussiens se chargeront de l’affaire et occuperont la capitale. Ici, en province, il se fait une petite réaction en faveur de Napoléon III. À l’hôtel où je mange, des voyageurs qui arrivent de l’Ouest et du Nord nous affirment que, depuis l’établissement de la Commune, les neuf dixièmes des paysans et des habitants des petites villes demandent un plébiscite pour rappeler le régime impérial. Décidément, ces pauvres Français ne sont que de grands enfants qui ne sauront jamais ce qu’ils veulent et qui seront constamment ballottés entre l’anarchie et la réaction.

À la semaine prochaine.


aux mêmes.


Orléans, 9 avril 1871.
Jour de Pâques
Mes chers frères,

Comme les postes ne marchent plus régulièrement, je vous écris un peu plus tôt afin que ma lettre vous