et non avec leurs passions. D’après ce que j’ai vu, lu et entendu, voici les causes de cette épouvantable catastrophe qui a fait de la première nation du monde une puissance de second ordre.
Il est évident que, lorsque le 19 juillet, Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse, la France n’était pas prête à entrer en lutte avec la confédération germanique. Mais est-ce bien le gouvernement impérial qui doit seul porter la responsabilité de l’état de désorganisation dans lequel se trouvait l’armée française ? Je ne le crois pas. Quand, en 1868, le maréchal Niel voulut organiser la garde mobile, il rencontra une opposition formidable dans la Chambre. Il demandait vingt-cinq millions, on ne lui en accorda que quatre. Et pourtant c’est la garde mobile qui a formé les armées de Chanzy et d’Aurelle de Paladines. Quelque temps après, il sollicitait un crédit de dix millions pour armer les forteresses du Nord : Sedan, Thionville, Montmidy. Le corps législatif refusa cette somme. Il est probable que, si Sedan avait été convenablement fortifié, l’armée française n’aurait pas été obligée de capituler, le 2 septembre. À l’époque où les députés refusaient les demandes du ministre, Jules Simon et Garnier-Pagès arrivaient de Berlin. Ils avaient dîné avec quelques Allemands idéologues et démocrates qui avaient juré inter pocula que les Prussiens portaient la France dans leurs cœurs. Jules Simon et Garnier-Pagès crièrent sur tous les tons que les « peuples sont pour nous des frères, » que si Napoléon III organisait