Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/454

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

456
journal du siège de paris.

Vendredi, 27 janvier. — Temps sombre. Suspension d’armes sur toute la ligne depuis hier à minuit. Les groupes sont très nombreux sur les boulevards. On discute avec passion. Le gouvernement provisoire est maudit par tout le monde. Plus que jamais on crie à la trahison. C’est absurde. Les hommes du 4 septembre ne sont pas des traîtres, ils sont des incapables. On ne veut pas se rendre. Faisons sauter les forts, disent les plus exaltés. On ne fera rien sauter du tout. Jules Favre est toujours à Versailles. On dit que l’armistice a été signé ce matin.

Samedi, 28 janvier. — Brouillard épais. Le tocsin a sonné cette nuit et la générale a été battue. Le Club des Montagnards avait fait un appel furieux à la population, lui demandant de se porter sur l’Hôtel de Ville, de fusiller le gouvernement provisoire, de s’emparer des forts et de faire une sortie en masse. Un orateur avait promis le concours de 150,000 gardes nationaux. Le rendez-vous était au boulevard du Prince-Eugène. Deux cents à peine ont répondu à l’appel. Encore un fiasco pour le parti avancé. En ce moment, la continuation de la lutte, ce serait la mort d’un million de vieillards, de femmes et d’enfants. La faim nous presse et si nous ne voulons pas mourir, il nous faut capituler de suite, sans émeutes et sans phrases. Le gouvernement annonce dans l’Officiel de ce matin que l’armistice sera signé dans quelques heures.

Dimanche, 29 janvier. — Temps doux et pluvieux.