Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

44
octave crémazie

comparez l’accueil si froid qui fut fait à la pièce intitulée les Morts. Elle parut, le 1er novembre 1856, dans le Journal de Québec. Pas une seule autre feuille n’en souffla mot, et pourtant, c’est bien ce que j’ai fait de moins mal. L’année suivante, Chauveau reproduisit cette pièce dans le Journal de l’Instruction publique, et deux ou trois journaux en parlèrent dans ce style de réclame qui sert à faire l’éloge d’un pantalon nouveau tout aussi bien que d’un poème inédit.

« M. Thibault me reproche de n’avoir pas donné, dans la Fiancée du marin, plus de vigueur d’âme à mes héroïnes et de ne pas leur faire supporter plus chrétiennement leur malheur. Si la mère et la jeune fille trouvaient dans la religion une consolation à leur désespoir, ce serait plus moral, sans doute, mais où serait le drame ? Cette légende n’en serait plus une, ce ne serait plus que le récit d’un accident comme il en arrive dans toutes les familles. On ne fait pas de poèmes, encore bien moins des légendes, avec les faits journaliers de la vie. D’ailleurs, la mère tombe à l’eau par accident et la fiancée ne se précipite dans les flots que lorsque son âme a déjà sombré dans la folie. Où donc la morale est-elle méconnue dans tout ce petit poème ? La morale est une grande chose, mais il ne faut pas essayer de la mettre là où elle n’a que faire. M. Thibault doit bien savoir que lorsque la folie s’empare d’un cerveau malade, cette pauvre morale n’a plus qu’à faire son paquet.

« Si le critique du Courrier du Canada est tout miel