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journal du siège de paris.

reine serait en fuite, la république proclamée et 200,000 Anglais devraient débarquer à Calais pour tomber sur les Prussiens ! Je souffre toujours de la tête. Le matin, après le repos de la nuit, je suis assez bien, mais le soir il faut que je me couche de bonne heure.

Samedi soir, 26 novembre. — Pluie toute la journée. Pas de rapport militaire ce soir. À dater de demain, on ne pourra plus sortir de Paris. Les portes, constamment fermées, ne s’ouvriront que pour le militaire. Les maraudeurs ne pourront donc plus quitter la ville pour aller porter des renseignements à l’ennemi, et messieurs les journalistes, ne pouvant plus aller aux avant-postes, seront obligés de se taire sur les mouvements des troupes. Grand mouvement de mobiles et de régiments de marche de la garde nationale. On s’attend à une grande bataille sous les murs de la capitale. On parle toujours d’une restauration orléaniste. Sur ce sujet, les bavardages vont leur train. On dit que le comte de Paris est à l’Hôtel de Ville, et que deux mille de ses partisans sont cachés dans les caves et sous les combles du palais municipal ! ! Je souffre moins aujourd’hui, mais je ne vais pas encore très bien.

Dimanche soir, 27 novembre. — Beau soleil, temps doux. Rien à noter au point de vue militaire. Comme les Prussiens, nous avons la variole noire. Une danseuse, Mlle  Bazzacchi, célèbre dans le monde des théâtres, a été enlevée en trois jours par cette terrible maladie. Les victuailles coûtent toujours les yeux de