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journal du siège de paris.

ne rencontrent de partisans que dans une infime minorité aussi lâche qu’impuissante. Les bruits d’armistice renaissent depuis deux jours. On assure que l’attaque du moulin d’Orgemont, qui devait avoir lieu hier, à midi, a été contremandée par le général Trochu, à cause de l’arrivée, à Versailles, d’un courrier de cabinet apportant les propositions de paix des puissances neutres. Rumeurs de la journée. Les Français auraient remporté, près de Besançon, une grande victoire sur les Prussiens, qui auraient eu dix mille hommes hors de combat et laissé deux mille prisonniers entre les mains des vainqueurs. On continue à affirmer la marche triomphante de Garibaldi en Bavière, et on prétend même que le roi Louis aurait été obligé de s’enfuir de Munich.

Lundi soir, 21 novembre. — Beau temps le matin, pluie torrentielle pendant l’après-midi. Canonnade toute la journée. Des affiches officielles nous annoncent qu’à dater de demain nous serons mis au régime de la viande salée et du cheval. Il reste bien encore de la viande fraîche, mais on la conserve pour le service des ambulances et des hôpitaux. Bismark vient de publier une circulaire dans laquelle il essaie de démontrer que l’armistice, sans ravitaillement, aurait fait le bonheur de Paris et de la France. Décidément ce Richelieu d’outre-Rhin veut faire croire à l’Europe que des vessies sont des lanternes. À Versailles, la petite vérole fait des ravages effrayants. Depuis plus d’un mois, l’armée allemande perd de deux cents