Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

396
journal du siège de paris.

trouvé très inopportune la reconnaissance du gouvernement de l’Hôtel de Ville par l’ambassadeur du cabinet de Madrid. Ce matin, le chemin de fer de Vincennes a commencé ses voyages réguliers entre Paris et Nogent. Il n’avait pas marché depuis cinquante-huit jours. J’y pense, si on cherche à établir la république en Espagne, c’est donc que la candidature du duc d’Aoste n’a pas réussi. Nous vivons tellement séparés du reste de l’univers, que nous ignorons ce qui se passe chez nos plus proches voisins. Bonne nouvelle, officielle cette fois. Une dépêche de Gambetta à Trochu annonce que le général d’Aurelle de Paladines a repris Orléans après un combat de deux jours. Les Prussiens ont perdu 2,000 hommes hors de combat, 1,000 prisonniers, 2 canons et une grande quantité de munitions et de provisions. Cette dépêche prouve d’abord que l’armée de la Loire existe, puis que le gouvernement de Tours n’a pas été renversé comme on le disait, enfin que Gambetta n’a pas été guillotiné à Marseille. L’effet moral de cette petite victoire est excellent. Les Parisiens, extrêmes en tout, ne veulent plus entendre parler d’armistice et parlent déjà d’aller à Berlin. Ô Athéniens ! Espérons que le salut de la France nous viendra, comme au temps de Jeanne d’Arc, de la vieille cité orléanaise.

Mardi soir, 15 novembre. — Beau temps. Reconnaissances heureuses sur plusieurs points. On s’attend à un grand coup de chien d’ici à quelques jours. On annonce la mort, à Caen, de M. Baroche, l’ancien mi-