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journal du siège de paris.

vont le train de la blanche. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement tolère dans les rues l’exhibition des caricatures sur l’impératrice. La malheureuse femme est représentée tantôt complètement nue, posant devant le prince de Joinville, tantôt dans des postures tout à fait indécentes. Ce genre d’attaques contre une personne qui a laissé, partout où elle a passé, le souvenir de ses innombrables charités, est aussi lâche qu’odieux. Tous les journaux demandent à la Préfecture de police de mettre un terme à ce scandale qui déshonore les places publiques et les boulevards. Pourquoi toutes ces gravures n’ont-elles pas encore été saisies ? On a probablement peur de se faire traiter de réactionnaires par la sainte canaille. À tous les coins de rues, vous rencontrez des hommes, des femmes, voire même de toutes jeunes filles, qui vous offrent une brochure à dix centimes en criant : « Demandez La femme Bonaparte, ses amants, ses orgies ! » (C’est le titre de cette saleté.) Si on criait cela de la dernière des filles publiques, elle aurait le droit de faire arrêter celui qui dévoilerait ainsi sa conduite privée. Et parce qu’une femme a été impératrice, que, pendant un règne de dix-sept ans, on n’a pas eu un mot à dire sur ses mœurs, elle n’aurait pas le droit à la protection que l’on accorderait à la plus misérable des courtisanes ! Décidément, je deviens de moins en moins fanatique de la république une et indivisible. Deux mauvaises nouvelles circulent ce soir. Tours étant menacé par les Prussiens, le gouvernement Gambetta,