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journal du siège de paris.

Prince-Eugène, qui traverse le susdit arrondissement, portera désormais le nom de Voltaire, et que la statue du frère de la reine Hortense, qui se trouve sur la place qui occupe le centre de ce boulevard, sera renversée et remplacée par celle du patriarche de Ferney. On a destitué le maire qui faisait la guerre aux crucifix, mais pour consoler les radicaux, on leur donne la statue de celui qui a écrit : Écrasons l’infâme ! La statue du prince Eugène, qui s’est tant de fois battu glorieusement et victorieusement contre les Prussiens, était, il me semble, dans les circonstances présentes, plus en situation que celle de l’homme qui fut le plat valet de ce chenapan de génie que l’histoire nomme Frédéric le Grand. Le gouvernement a commis là une grande faute, car sa faiblesse prouve à la France qu’il en est réduit à compter avec la faction infime qui a déclaré la guerre non seulement au christianisme, mais à toute religion. Il y a trois jours, l’organe le plus violent de ce parti, la Patrie en danger, imprimait la monstruosité suivante : Guerre aux Prussiens ! mais surtout guerre à Dieu ! car c’est notre croyance absurde dans un être suprême qui est la cause de tous nos malheurs. Je pense qu’avant longtemps le gouvernement de l’Hôtel de Ville paiera cher la pusillanimité qui lui fait subir la pression d’un parti aussi odieux que sacrilège, aussi insensé qu’impuissant. — Depuis quelques jours, les légumes frais sont assez abondants et les prix très abordables par les petites bourses. On nous fait espérer que nous serons débloqués avant quinze jours