Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

356
journal du siège de paris.

les départements. Le Figaro de ce matin a pu se procurer le numéro du 21, dont il donne de nombreux extraits. La feuille de M. de Bismark annonce sérieusement que sur les hauteurs qui entourent la capitale, on voit les Parisiens s’égorger régulièrement tous les jours depuis le commencement du siège, et que toutes les classes de la population soupirent après l’entrée des Prussiens à Paris. Cet aimable journal nous apprend même que nous ne mangeons plus que de deux jours l’un, et que l’on a emprisonné tous les prêtres en attendant que l’on renouvelle les massacres de septembre. Heureusement que le gouvernement envoie deux ou trois fois par semaine des ballons montés qui font connaître aux provinces la véritable situation de la capitale. Chapitre des on dit. Insurrection en Corse qui aurait proclamé Napoléon IV. Le duc d’Aumale poserait sa candidature comme député à la future constituante dans le département de la Charente. Le prince Napoléon, dont la lâcheté proverbiale a fait tant de mal à l’empereur dans l’armée et dont l’impiété a tant contribué à rendre la dynastie impopulaire dans le monde catholique, aurait succombé à une congestion cérébrale, à son château de Prangins, en Suisse. Il y a quelques jours, on annonçait que Napoléon ÏII avait eu une attaque d’apoplexie, aujourd’hui on affirme qu’il est devenu complètement idiot. Depuis hier on voit des pêches. Elles se vendent la modeste somme de vingt sous pièce. Les œufs valent maintenant trois francs cinquante à quatre francs la douzaine.