Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

354
journal du siège de paris.

elles démoralisées ? Sous le rapport matériel, elles sont dans une meilleure situation que nous, puisqu’elles font chaque jour des razzias dans les départements, où elles enlèvent la viande de boucherie et les légumes. Comme logement, les soldats du roi Guillaume sont mieux traités que nos mobiles qui campent en dehors des murs, puisqu’ils ont pour s’abriter les maisons des villages abandonnés à quinze lieues à la ronde. Ajoutez à l’enivrement de leurs incroyables succès et à leur bien-être matériel l’assurance que leur donne Guillaume qu’ils feront Noël à Paris, et vous comprendrez que les Germains peuvent et doivent attendre avec patience le moment où la faim nous forcera à leur ouvrir nos portes, ce qui arrivera nécessairement si les armées qui viennent à notre secours sont anéanties par l’ennemi. Le gouvernement devrait laisser aux journaux officieux le soin de raconter aux jocrisses les billevesées de cette force. Les clubs vont toujours leur petit bonhomme de chemin. Ennuyeux presque toujours, ridicules très souvent, mais rarement terribles. Les jacobins du temps jadis deviennent de plus en plus difficiles à trouver. Hier, au club de la Cour des Miracles, on a voté à l’unanimité que la France ne devait pas se borner à chasser les Prussiens, mais qu’elle avait le devoir de passer le Rhin et d’aller proclamer la république à Saint-Pétersbourg, à Vienne et à Berlin. Comme il faut des canons pour réaliser ce projet mirobolant, on a fait une collecte. Remarquez qu’il y avait là plus de cinq cents démo-