Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

350
journal du siège de paris.

une fermeté dont il faut lui savoir gré, a répondu que le gouvernement ne sacrifierait jamais la liberté religieuse aux criailleries d’une faction. Sur ce, on s’est séparé en se disant des gros mots. On annonce pour demain une manifestation des prétrophobes. Je n’en crois rien. Blanqui n’a pas été réélu commandant par le 169e bataillon. Il n’a obtenu que deux cent quarante-neuf votes, tandis que son concurrent, Bruley, républicain modéré, était nommé par sept cent soixante-neuf voix. On annonce la mort d’Alexandre Dumas, père, qui aurait succombé, à Dieppe, le 13 courant, à une congestion cérébrale. Deux cancans. Trois cents canons américains seraient arrivés à Bordeaux. Napoléon III aurait eu une attaque de paralysie qui met ses jours en danger.

Jeudi soir, 20 octobre. — Beau temps le matin, neige le soir. Rien à noter en fait d’opérations militaires. Toujours le même travail de Pénélope. Chaque jour les Prussiens commencent à élever des batteries, que les canons des forts démolissent avant qu’elles soient établies. Pas la moindre manifestation Mottu. On dit que l’on a trouvé à Bagneux, lors du dernier combat, des balles prussiennes qui sont empoisonnées. Je crois que c’est encore un de ces contes comme il en pleut depuis le commencement du siège. On dit aussi que tous les Américains domiciliés à Paris doivent quitter la capitale cette semaine. Pourquoi ? À cause du bombardement, qui ne se fera ni à Pâques ni à la Trinité ? Passons cet on dit au compte des cancans. Nous