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journal du siège de paris.

république sœur. Je ne comprends plus rien aux allures du gouvernement. Le journal officiel de ce matin publie un travail complet sur les fortifications de Paris, indiquant le fort et le faible de la défense. Si un journaliste avait dit la dixième partie de ce que la feuille gouvernementale annonce urbi et orbi, il y a longtemps que le rédacteur indiscret serait à Mazas, en train de méditer l’axiome arabe : La parole est d’argent, mais le silence est d’or. On affirme que l’ambassadeur d’Espagne, M. Olozaga, vient d’être rappelé, parce qu’il s’est mis, sans l’autorisation du cabinet de Madrid, en relations officielles avec le gouvernement du 4 septembre. Si ce bruit se confirmait, il faudrait donc croire que le parti républicain est décidément en baisse dans la patrie du Cid. Charette, qui commandait les zouaves du pape, et Cathelineau, petit-fils du célèbre Vendéen, sont maintenant à Tours, où ils organisent une armée de leurs compatriotes. À chaque combat qui se livre sous nos murs, les Parisiens font une véritable course aux blessés. C’est à qui arrivera le premier sur le champ de bataille, quand tout est fini, bien entendu, pour enlever un défenseur de la patrie. Il y a moins de charité que de calcul égoïste dans ce zèle pour soigner les victimes de la guerre. Comme la maison qui abrite un blessé a le droit d’arborer le pavillon de la convention de Genève, on ne voit souvent dans le pauvre soldat mutilé qu’un paratonnerre qui préserverait de la violence des vainqueurs si la ville était prise d’assaut.