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journal du siège de paris.

d’Argenteuil. Les forts se taisent. On dirait qu’ils font le lundi. On nous annonce le bombardement pour après-demain, anniversaire de la bataille de Leipsick. Je ne crois pas à cette mesure extrême, d’abord, parce que, ne pouvant établir de batteries sans qu’elles soient démolies par le feu des forts, les Prussiens ne pourraient atteindre le mur d’enceinte ; ensuite, parce que Guillaume n’osera pas prendre devant l’Europe la responsabilité d’un acte aussi sauvage que le bombardement de la capitale du monde civilisé. Le nonce est parti hier à onze heures. Quelques-uns prétendent qu’il ne reviendra plus à Paris, puisque le pouvoir temporel, dont il était le représentant en France, a cessé d’exister. Je crois que c’est là une appréciation erronée. Comme chef suprême de l’Église, le pape aura toujours un représentant auprès des puissances catholiques. — Si nous n’avons plus de fromage, nous avons toujours des cancans ; c’est moins nourrissant, mais ça aide à tromper les ennuis de l’investissement. Le prince Frédéric-Charles serait très malade du typhus. Le comte de Chambord aurait abdiqué en faveur du comte de Paris. Les vieilles douairières du faubourg Saint-Germain vont joliment jeter les hauts cris si ce racontar arrive à leurs oreilles. Un prêtre de l’église Saint-Roch à Paris, arrivé ce matin, aurait apporté la nouvelle que Bazaine est enfin débloqué. Les généraux américains Burnside, Sheridan et Forsyth auraient reçu l’ordre de quitter immédiatement l’armée monarchique du roi de Prusse, qui fait la guerre à la