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journal du siège de paris.

que, sous le tyran, les écrivains n’ont jamais fait un seul jour de prison préventive, tandis que ce malheureux Portalis est enfermé dans la cellule même de Troppmann en attendant son procès. Dans le mois d’août, Gambetta et Ferry présentaient chaque jour et appuyaient de leur parole des pétitions de radicaux enragés, qui demandaient que les prêtres, les ministres protestants fussent obligés de porter les armes pour la défense de la patrie. Samedi, une députation de Belleville s’est rendue à l’Hôtel de Ville pour demander l’armement du clergé. Ferry a répondu que le gouvernement ne trouvait pas opportun de soulever cette question en ce moment. Il a parfaitement raison. Mais pourquoi, lorsque l’on est dans l’opposition, demander une chose que l’on sait bien être obligé de refuser le jour que l’on arrivera au pouvoir ? Le grand défaut de toutes les oppositions en France, comme un peu partout, du reste, c’est de n’être pas loyales. Elles demandent toujours la lune, et quand elles sont devenues l’autorité, elles ne donnent même pas une étoile de dixième grandeur. Garibaldi est bien réellement à Tours. Je ne comprends pas bien quel appui ce vieillard, plein de fiel et de rhumatismes, peut apporter à la défense nationale. Ce n’est qu’un chef de bandes qui ne saurait commander 100,000 hommes. Ce qu’il faut à la France, c’est un génie supérieur capable de faire manœuvrer le demi-million d’hommes qui se lève dans les départements. Garibaldi, renommée surfaite par la camaraderie révolutionnaire, n’est certai-