Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

338
journal du siège de paris.

mise en déroute par les Prussiens. Sous les murs de Metz, Bazaine aurait subi un échec grave le 8 courant. Un cancan absurde : les soldats de Guillaume, qui semblent s’éloigner des forts, n’opèrent ce mouvement de recul que pour couvrir de torpilles toute la zone qui se trouve en avant des ouvrages avancés de la défense, afin de faire sauter les corps d’armée qui sortiront de Paris pour aller les attaquer dans leur camp retranché. Encore un conte bleu : les francs-tireurs des Vosges se seraient emparés de Berlin après avoir dévasté la Prusse et auraient proclamé la république dans la capitale de la Prusse. En apprenant cette nouvelle mirobolante, le roi Guillaume aurait juré comme un païen pendant toute une journée, et son compère Bismark serait parti en toute hâte pour aller ramener les Berlinois aux traditions monarchiques. Avant de partir en guerre pour tuer les républicains des bords de la Sprée, Bismark aurait proposé un armistice au gouvernement de la république, afin que la France pût procéder à l’élection d’une constituante. Je comprends cette ficelle du chancelier fédéral, qui voudrait donner le change à l’opinion publique en Europe. En proposant aux hommes du 4 septembre des conditions d’armistice inacceptables, il ne cherche qu’un prétexte pour dire aux nations neutres : « Le gouvernement de l’Hôtel de Ville, malgré mes offres d’armistice, refuse de faire élire une assemblée nationale qui, ne voyant en lui que le délégué d’une faction infime, le renverserait immédiatement. C’est donc dans l’intérêt