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journal du siège de paris.

bitement et est tombé dans une mare, près de Pierrefitte, à quelques pas d’un campement prussien. Pour échapper aux balles de l’ennemi, les trois voyageurs ont dû rester dans l’eau pendant quatre heures. Des francs-tireurs les ont délivrés de leur fâcheuse position et les ont accompagnés jusqu’aux portes de Paris, où ils sont entrés en rapportant les dépêches qu’ils devaient remettre à la délégation du gouvernement établie à Tours. Il paraît que l’on a fait aujourd’hui de nombreuses arrestations parmi les meneurs de la manifestation communaliste. Le commandant Sapia, du 146e bataillon de la garde nationale, qui, hier, voulait conduire ses hommes à l’Hôtel de Ville pour renverser le gouvernement, a été empoigné par eux et conduit à l’état-major de la place Vendôme, où son arrestation a été maintenue. Il passera devant un conseil de guerre. Ce Sapia, compromis dans le dernier complot contre l’Empereur, est un Italien qui a passé toute sa vie à conspirer et qui doit à ses principes révolutionnaires d’avoir été, malgré sa qualité d’étranger, élu commandant du 146e. Le général Burnside est arrivé hier soir à Paris. On dit que le but de cette seconde visite du général de l’armée du Potomac à la capitale, est de faire sortir de la ville assiégée un certain nombre de familles américaines qui demandaient, mais en vain, depuis longtemps à Bismark l’autorisation de traverser les lignes prussiennes. Les journaux de ce soir nous affirment que nous avons encore du pain pour six mois, de la viande pour trois mois,