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journal du siège de paris.

dans le triomphe définitif des armes françaises commence à être ébranlée. J’ai bien peur que bientôt nous ne soyons obligés de dire avec le psalmiste : Nisi Dominus custodierit civitatem, frustra vigilat qui custodit eam. Ledru-Rollin, furieux de n’être rien dans le gouvernement actuel, se montre dans les clubs les plus exagérés et demande l’élection de la commune et le retour aux grandes traditions de 93. Il se fait en ce moment un travail souterrain qui mine chaque jour les hommes portés au pouvoir par la révolution du 4 septembre. Ledru-Rollin, Félix Pyat, Delescluze, Blanqui et autres débris de 1848, sont les chefs de ce parti, qui veut nous ramener aux procédés révolutionnaires les plus insensés, peut-être les plus sanguinaires. En supposant que la commune de Paris soit organisée et qu’elle puisse renverser le gouvernement actuel, elle ne serait pas un mois au pouvoir sans être accusée de tiédeur, et un nouveau parti, d’une couleur plus foncée, travaillerait à la renverser comme on cherche en ce moment à démolir les hommes de l’Hôtel de Ville. Il n’y a que la dictature remise entre les mains de Trochu qui puisse sauver la situation déjà bien compromise.

Jeudi soir, 6 octobre. — Ce matin, un brouillard épais cache le soleil. Il fait presque froid. Sous le rapport militaire, rien qui mérite d’être noté. Comme tous les jours, coups de fusil à gauche, coups de canon à droite, tout cela sans résultat sérieux. Enfin, nous avons des nouvelles officielles de Tours. Une estafette nous apporte une dépêche du 1er octobre. Deux armées