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journal du siège de paris.

obligée de se replier sur la Garonne. Ici, dans la capitale, les affaires semblent prendre une mauvaise tournure. Le gouvernement provisoire est divisé en deux camps. L’Électeur libre, journal d’Ernest Picard, éreinte Gambetta, qu’il accuse d’avoir envoyé des nullités pour soulever la province. Il ridiculise avec raison l’idée de confier à un vieil avocat de soixante-seize ans, Crémieux, le soin de lever des armées sur les bords de la Loire. Outre cette division dans le gouvernement, nous avons le parti ultra-radical, représenté par le Combat, de Pyat, la Patrie en danger, de Blanqui, le Réveil, de Delescluze, qui veut absolument que l’élection de la commune de Paris ait lieu les 9 et 10 octobre. Le gouvernement s’y oppose et il fait bien. Si la commune sortait des élections demandées par les meneurs des faubourgs, son premier acte serait le renversement de l’autorité actuelle, à qui elle dirait : Votre pouvoir, sorti de l’émeute, n’a aucune sanction légale. Nous, au contraire, nous sommes les élus de la capitale. Comme vous êtes réactionnaire, nous prononçons votre déchéance. Ce que le gouvernement provisoire ne veut pas accorder, est-il bien sûr que les démagogues ne le prendront pas par la violence ? On dit que plusieurs des maires de Paris veulent procéder quand même à l’élection de la commune. Nous verrons bien ce qu’ils feront dans six jours. Le général américain Burnside, parti de New-York le 3 septembre, après avoir passé quelques jours au camp prussien, est venu dimanche à Paris. Il est reparti hier à midi. Est-ce comme touriste