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journal du siège de paris.

cinquième curé que ces brutes pendent depuis qu’ils entourent Paris. Comme je vous l’ai dit déjà, la guerre actuelle est bien une guerre de race et de religion, et nous devons nous attendre à toutes les horreurs des luttes du XVIe siècle, si les soldats du roi Guillaume réussissent à prendre la capitale. Heureusement que leur position en ce moment est plus critique que la nôtre, et qu’ils ont devant eux la perspective d’un épouvantable désastre, si Paris tient encore pendant un mois. L’endroit le plus menacé de la capitale, Passy, vient d’être mis en état de défense par une formidable batterie qui pourra imposer silence aux canons ennemis établis sur les hauteurs de Saint-Cloud. Les Prussiens continuent à se concentrer à Versailles. Tous les corps ennemis qui campaient entre Romainville, Rosny et Nogent, se replient aujourd’hui sur la ville de Louis XIV. Guillaume a envoyé un corps d’armée en Picardie. Amiens, ville ouverte, a été occupé sans résistance. Abbeville, qui est fortifiée, se dispose à subir un siège et à imiter l’héroïsme des villes de l’Est. Le journal officiel de ce soir annonce que la cavalerie, sous les ordres de M. de Pindray, a chassé l’ennemi de Bondy, aujourd’hui dans l’après-midi. Cette journée du 30 septembre a donc été glorieuse sur tous les points. Je crois que Bismark doit commencer à réfléchir et à regretter les conditions insolentes qu’il a posées à Jules Favre, la semaine dernière.

Samedi soir, 1eroctobre. — Toujours le même temps,