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journal du siège de paris.

sions augmentent de prix chaque jour. En ce moment les haricots se vendent 1 franc 50 la livre, les choux-fleurs 1.80 pièce, la morue 1.25 la livre, le bœuf salé 2.25 la livre, le lard 2.10 à 2.25, les œufs 4 sous pièce, les poulets 7 à 10 fr. pièce, les oies 22 francs. Impossible de trouver un seul hareng. Les pommes de terre, le pain et le vin sont en abondance, et on peut parfaitement vivre avec ces trois aliments. On commence à voir d’un mauvais œil les attachés aux ambulances. Tous les jours on rencontre dans les rues des milliers d’hommes jeunes et vigoureux qui portent le brassard de la convention de Genève. On se dit, et avec raison, ce me semble, que ces hommes rendraient plus de services à la France comme soldats que comme infirmiers. Les femmes, les prêtres, les religieux et religieuses qui s’offrent pour soigner les blessés, remplaceraient avantageusement dans les ambulances les attachés actuels. Il se fait un commerce actif de casques prussiens. Dans les reconnaissances de chaque jour, on abat toujours quelques Teutons, et le pioupiou se fait des rentes en vendant aux amateurs le fameux casque à paratonnerre. Hier, on a arrêté des espions prussiens qui avaient endossé les habits de soldats français tombés morts sur le champ de bataille de Villejuif. Grâce à l’uniforme, ils avaient pu s’introduire dans Paris par la porte d’Orléans. Malheureusement ils n’ont même pas pu donner le nom du colonel du régiment dont ils portaient le numéro. Ils ont été fusillés ce matin.