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journal du siège de paris.

ce moyen on pourra se passer de messieurs les bouchers. La malveillance, d’après le rapport du préfet de police, est tout à fait étrangère à l’incendie des buttes Chaumont. C’est la pipe d’un fumeur imprudent, nommé Henriot, qui a été la cause du désastre du 27. Le général de Polhès, qui commande l’armée de la Loire, en ce moment en marche pour secourir Paris, est né en 1813. Comme colonel de zouaves, il s’est distingué sous les murs de Sébastopol. On dit que le peuple anglais désapprouve hautement la politique toute prussienne de la reine Victoria et du ministère Gladstone. Une assemblée de 200,000 personnes aurait protesté contre la conduite du cabinet britannique.

Jeudi, 29 septembre. — Il paraît que le soleil a passé un bail emphytéotique avec Paris. Toujours un ciel d’une pureté irréprochable. Les Prussiens se massent du côté de Choisy-le-Roi, sans doute pour repousser l’armée de la Loire, qui avance tous les jours. Du côté de Saint-Denis, on a canonné et culbuté les batteries que l’ennemi commençait à placer. Les francs-tireurs ont amené, ce matin, aux Halles centrales cinq fourgons de provisions enlevés hier à l’armée allemande. On assure que les éclaireurs de l’armée de la Loire ont été vus, mercredi, à une lieue de Choisy-le-Roi. Les Prussiens ont coupé le canal de l’Ourcq et celui de la Dhuys. S’ils pensent, par ce moyen, faire mourir la capitale par la soif, ils se trompent joliment. Les puits artésiens, sans compter la Seine, peuvent fournir l’eau nécessaire à quatre millions d’habitants. Les provi-