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journal du siège de paris.

après quelques coups de fusil. Le pape n’a pas quitté le Vatican. Est-ce la fin définitive du pouvoir temporel ? Qui peut connaître les desseins de la Providence ? Qui pourrait dire que dans quelques années, peut-être dans quelques mois, Pie IX ne sera pas encore le Pontife-Roi ? L’entrée des soldats de Victor-Emmanuel dans la ville éternelle me remet en mémoire les paroles que Napoléon III adressait à un diplomate étranger, il y a deux ans : Quand je serai détrôné, le pape fera bien de faire préparer au Quirinal les appartements de Victor-Emmanuel, car ma chute entraînera immédiatement celle du pouvoir temporel. La troisième livraison de la correspondance de la famille impériale vient de paraître. Elle n’offre rien de bien extraordinaire. Les amateurs de scandale sont désappointés. Ils n’en ont pas pour leur creuse dent. Il paraît, cependant, que le fameux complot éventé avant le plébiscite n’avait pas l’importance qu’on lui a donnée. Aucuns prétendent que l’on a trouvé à la Préfecture de police la preuve que cette prétendue conspiration était un coup monté par Pietri, Grandperret et Bernier. On dit que des mandats d’amener sont lancés contre ces trois personnages. Forcade de la Roquette serait aussi sous le coup d’un ordre d’arrestation. La finance est pleine de confiance, comme le prouve la hausse de la bourse depuis trois jours. C’est un fait, peut-être unique dans l’histoire des villes assiégées, non seulement de voir la bourse ouverte, mais encore d’assister à la hausse constante de la vente, quand le canon de l’ennemi