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journal du siège de paris.

siennes vous empêchent d’aller à Romainville, à Meudon ou à Bougival.

Lundi soir, 26 septembre. — Vous souvient-il que, lors de l’insurrection de 1838, nos patriotes disaient que le bon Dieu était Anglais, parce que la navigation du Saint-Laurent était restée libre pendant presque tout le cours du mois de décembre ? En présence de ce ciel d’une implacable sérénité, de ce soleil radieux comme dans les plus beaux jours de l’été, les Parisiens prêtent au bon Dieu des sympathies prussiennes. Sur les bords de notre grand fleuve comme sur les rives de ce ruisseau qui s’appelle la Seine, le peuple souverain est toujours le même. Ce matin, le fort de la Faisanderie, à Vincennes, a tiré sur l’ennemi, qui se dirigeait du côté de Choisy-le-Roi. Un convoi de munitions, atteint par les obus du fort, a vu ses caissons sauter, en anéantissant, par leur explosion, une partie de l’escorte. Le roi Guillaume concentre ses troupes entre Sceaux et Versailles. C’est pour se préparer à recevoir le choc des armées de Lyon, de la Loire et du Nord, formant ensemble un effectif de 400,000 combattants, que les Allemands opèrent cette concentration. C’est la cavalerie, au nombre de 80,000 sabres, qui continue à isoler Paris du reste de la France. On reçoit cependant, tous les deux ou trois jours, des nouvelles des départements par les ballons et les pigeons. Les Prussiens ne peuvent réussir à établir leurs batteries. Les artilleurs de la marine qui font le service des forts les culbutent aussitôt qu’elles sont en place. Encore ce matin, le fort