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journal du siège de paris.

capable de tenir vingt-quatre heures. Nous pensions entrer dans la capitale sans brûler une amorce. Nous laisserons nos os en France. » — On dit que 6 à 7,000 Prussiens ont trouvé la mort sur le pont Saint-James, près de Ferrières, ce pont ayant sauté au moment où l’ennemi passait. Au combat de Châtillon, lundi dernier, les Prussiens reconnaissent avoir perdu 15,000 hommes. On a rétabli la taxe sur la viande et sur le pain, afin que les bouchers et les boulangers n’abusent pas de l’investissement de Paris pour vendre leur marchandise à des prix exorbitants. La manie de voir des espions prussiens partout fait des progrès tous les jours. Cham le caricaturiste, Paul Féval, le préfet de police, le comte de Kératry, ont été arrêtés comme suspects par les gardes nationaux, qui veulent faire du zèle. Si cela continue, la moitié de Paris passera son temps à arrêter l’autre. Toujours un temps splendide. Dans les circonstances actuelles, cette sérénité continuelle de l’atmosphère devient agaçante.

Vendredi soir, 23 septembre. — Toujours la même température. On se croirait dans le mois d’août. À trois heures, je passe sur le boulevard des Italiens. À chaque pas des rassemblements de citoyens. Les figures sont radieuses. Je me mêle aux groupes et je prête l’oreille. Grande victoire du côté de Montrouge. On a pris 42 mitrailleuses, 40 canons, mis 30, 000 hommes hors de combat, 25, 000 prisonniers. C’est beaucoup trop beau pour être vrai. On dit que les Prussiens captifs doivent passer à 4 heures sur le bou-