Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

277
journal du siège de paris.

Sous l’empire, on avait parfaitement le droit de dire à ses amis que l’on était républicain, orléaniste, légitimiste. Si on ne haranguait pas en public contre le régime impérial, on était bien certain de n’être nullement inquiété. Aujourd’hui, on n’a pas même le droit de dire que la république pourrait bien ne pas être le paradis sur la terre. Et les immortels principes de 89, je me demande ce que l’on en fait, si un citoyen n’a pas le droit d’exprimer ce qu’il pense. — Les zouaves pontificaux veulent défendre Rome jusqu’à la dernière extrémité. Ici, tout le monde, même ceux qui détestent la papauté, approuve ces braves soldats. On est indigné de la conduite infâme de l’Italie, qui, au lieu de venir au secours de la France, à qui elle doit tout, profite des malheurs qui viennent de fondre sur l’avant-garde de la race latine pour aller dépouiller Pie IX des quelques lieues de territoire qui lui restent encore. Le nouveau directeur général des postes, G. Rampont, annonce ce matin que les chemins de fer étant coupés, l’administration n’acceptera plus que des lettres écrites sur papier mince et sans enveloppe, afin de ne pas augmenter inutilement la charge soit des personnes, soit des ballons, qui essaieront de franchir les lignes ennemies. Pour les journaux, le service ne se fait plus que pour l’intérieur de Paris. La circulaire de l’hôtel des Postes invite les Parisiens à ne rien mettre dans leurs lettres qui puisse renseigner l’ennemi, qui fera tous ses efforts pour s’emparer des correspondances de la capitale. M. Thiers, de retour de Londres où il a échoué