se sont battus comme de vieilles troupes. Les recrues et les engagés volontaires du 3e zouaves, qui ont remplacé les vrais zouzous tués à Reischoffen et à Forbach, ont lâché pied au premier feu et sont venus jeter la panique dans Paris. Sans cette malheureuse débandade d’une partie de l’aile droite, le combat de Châtillon, bien que glorieux et ayant donné des résultats considérables, se fût certainement terminé par une grande victoire. Les Prussiens occupent les hauteurs de Meudon, d’où ils peuvent bombarder le mont Valérien. Comment n’a-t-on pas défendu et fortifié un point stratégique aussi important ? L’un des plus brillants rédacteurs du Figaro, Auguste Villemot, le chroniqueur par excellence, est mort dimanche d’une attaque d’apoplexie dans son domicile de la rue Jacob, à l’âge de soixante ans. Son livre la Vie à Paris, qui renferme ses meilleures chroniques, restera comme un modèle du genre. Le chansonnier vaudevilliste Alexandre Flan est mort aussi dans ces derniers jours. Sa muse facile, mais peu châtiée et ne respectant guère les oreilles chastes, était populaire dans les faubourgs. De Flan il restera tout au plus quelques refrains qui dans vingt ans seront chantés par des ouvriers en ribote. Le gigantesque Lomon, l’un des rédacteurs du Pays, et par conséquent bonapartiste enragé, a été arrêté hier sur le boulevard par les gardes nationaux républicains. Ce malheureux Lomon avait commis le crime énorme d’oser dire qu’il n’était pas partisan de la république. Il faudrait pourtant s’entendre sur le mot liberté.
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