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de défense se font sur un pied gigantesque. Je suis allé vendredi sur les fortifications, qui ont seize lieues de tour. Il y a sur cette enceinte immense deux mille sept cents canons énormes. Ceux des remparts à Québec sembleraient des coulevrines à côté de ces engins. Les forts sont armés de mitrailleuses et de canons-revolvers. Toute la garde nationale est sur pied ; on distribue des fusils dans les mairies.

Au coin de la rue de l’Entrepôt les gardes nationaux se sont réunis, hier, pour se rendre au Vauxhall, où ils ont procédé à l’élection de leurs officiers. Les communautés se transforment en ambulances. Prêtres, moines, religieuses, tout le monde travaille au salut de la patrie. Des chariots traînés par six forts percherons, avec des montagnes de sacs de farine, passent à chaque instant sur le boulevard. Les estafettes du ministère de la guerre sillonnent à fond de train la capitale. L’approvisionnement de Paris est complet pour trois mois. On met à la porte tous les Allemands ; et tout ce qui compose le noyau ordinaire des révolutions, repris de justice, voleurs, etc., a été pris dans un immense coup de filet et dirigé sur les mairies centrales de la province. Paris est prêt à recevoir les Prussiens. Sans compter la garde nationale, nous avons en ce moment cent vingt mille soldats à Paris. Je crois que si le roi de Prusse et notre Fritz ne viennent pas montrer le nez sous les murs de Paris, les Parisiens diront qu’ils sont volés. C’est toujours ennuyeux de préparer un beau dîner et de voir les convives faire