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disent les uns. — Il s’est suicidé, racontent les autres. — Il s’est sauvé à Londres. — Il s’est enfui en Belgique. — Tous ces bruits absurdes sont mis en circulation par les ennemis de l’empire, qui voudraient bien se partager sa succession.

Il pourrait se faire que Paris fût assiégé par les Prussiens. On dit que cette éventualité entre dans le plan de Bazaine, afin de pouvoir mieux écraser les envahisseurs. Si vous étiez une semaine ou deux sans recevoir de mes nouvelles, il ne faudrait pas vous inquiéter…


Aux mêmes.


Paris, 30 août 1870.
Mes chers frères,

Vous avez été bien étonnés d’apprendre la douloureuse nouvelle de la défaite de l’armée française, et vous vous demandez comment il se fait que cette armée, invincible depuis Waterloo, ait été brisée à son premier choc avec la Prusse. D’abord le plan de bataille était mauvais. On avait échelonné les troupes sur toute la frontière ; l’ennemi, que l’on ne croyait pas si nombreux, a écrasé les deux extrémités, Forbach et Reichshoffen, sans qu’il fût possible au centre de porter secours.

D’ailleurs, les deux cent cinquante mille hommes que la France avait sur les bords du Rhin ne pouvaient