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août. Les Anglo-Canadiens doivent être contents de voir que la vieille France a été obligée de reculer devant leurs cousins allemands. Qu’ils ne se hâtent pas trop cependant d’entonner le chant triomphal. La France a encore plus d’un atout dans son jeu, et le dernier mot de cette lutte gigantesque n’est pas encore dit.

Le comte de Palikao, le nouveau ministre de la guerre, fait des prodiges depuis dix jours. La nation se lève, les armées sortent de terre comme par enchantement, et je crois plus que jamais que la victoire définitive appartiendra à la France. MacMahon a maintenant à Châlons une armée de deux cent vingt-cinq mille hommes, composée, non pas de mobiles ou de gardes nationaux, mais bien de vieilles troupes qui ont vu le feu. C’est dans les plaines de la Champagne que se livrera la grande bataille, et je crois que, cette fois, les chances de succès sont du côté du drapeau tricolore.

Une autre armée se forme à Lyon. Elle pourra dans quelques jours mettre en ligne cent vingt-cinq mille hommes de troupes aguerries.

Ici, à Paris, on prépare la défense de la capitale. Tout est à peu près terminé. Si la fortune, dans la prochaine rencontre, se déclarait encore pour la Prusse, Paris, avec ses forts détachés et son enceinte continue, aussi imprenable que Gibraltar, pourrait tenir assez longtemps pour permettre aux armées du Midi et de l’Ouest de venir écraser les Prussiens sous les murs de