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compagnon que le feu de cheminée. Il y a tout un monde de formes étranges et capricieuses dans les mouvements de la flamme, et ces formes réveillent en moi une foule de souvenirs qui me transportent vers des temps heureux. Mon feu est le seul ami que je possède en France, et les heures passées près de lui sont les plus heureuses de la journée…


À sa mère


Paris, 7 février 1865.
Ma bonne mère,

J’ai reçu, vendredi et samedi de la semaine dernière, vos lettres du 13 et du 20 janvier. Ce qui m’a surtout causé un bonheur inexprimable, c’est la réception de votre portrait, que j’ai trouvé dans les journaux que Joseph m’a envoyés.

Maintenant que j’ai votre photographie, je pourrai vous embrasser tous les soirs et tous les matins, comme je le faisais quand j’étais près de vous. Ce qui me console en regardant votre portrait, c’est que vous ne paraissez pas avoir vieilli depuis que j’ai eu la douleur de vous quitter. J’ai donc l’espérance de pouvoir vous revoir avant de mourir.

La semaine prochaine, j’espère que je pourrai vous envoyer mon portrait. Je suis assez bien et vis mainte-