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blement la force de faire une opposition ouverte, ils s’amusent à faire cette petite guerre d’allusions spirituelles et d’épigrammes mordantes. Chez nous, en Amérique, où nous avons la liberté de réunion et celle de la presse, cette lutte serait ridicule. Ici, ce n’est pas seulement un besoin, c’est, si je puis m’exprimer ainsi, une volupté de l’esprit…


À MM. Jacques et Joseph Crémazie


Paris, 13, décembre 1864.
Mes chers frères,

J’ai reçu, vendredi, vos lettres du 25 novembre. Que ne donnerais-je pas pour pouvoir être près de vous pendant une heure ! Ce bonheur me sera-t-il jamais accordé ? Je le désire de toutes les forces de mon âme, mais je n’ose l’espérer.

Tous les soirs, je vais marcher pendant à peu près une heure. En rentrant, j’achète le Petit Journal. Monté dans ma chambre, au quatrième étage, j’allume mon feu (je suis devenu un allumeur de feu de première force) et je me mets dans mon fauteuil, au coin de la cheminée. Puis, quand j’ai lu mon journal, j’éteins ma bougie et je reste à rêver en tisonnant mon feu.

Pour l’homme isolé, il n’est pas de plus agréable