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mique est bien certainement une des plus belles choses qui se puissent voir, ou plutôt entendre. M. de Broglie, le chef du parti orléaniste, avait à faire l’éloge de M. de Saint-Aulaire, auteur d’une Histoire de la Fronde. Tout naturellement lui, le soutien de la monarchie parlementaire, il n’a trouvé de beau dans cet épisode de l’histoire de France que le parlement et le conseiller Broussel. M. Nisard, qui répondait au nom de l’Académie et qui est complètement rallié au gouvernement de l’Empereur, n’a pas partagé l’opinion du récipiendaire. Il a trouvé que le parlement ne faisait que de l’embarras, et que les seuls grands caractères de cette époque sont bien Anne d’Autriche et Mazarin.

Cette lutte à mots couverts entre le gouvernement absolu, représenté par Nisard, et le régime parlementaire, défendu sous le nom de la Fronde par M. de Broglie, était excessivement intéressante, et cela d’autant plus que le champion de ce dernier parti essayait de relever son drapeau, entouré de presque tous ses compagnons des combats d’autrefois : Thiers, Guizot, Odilon Barrot, Montalembert, qui étaient assis autour du récipiendaire.

Outre l’intérêt attaché à la réception de M. de Broglie, il y avait encore un grand attrait pour moi, celui de voir les quarante immortels. La partie réservée aux spectateurs contenait autant d’illustrations que les fauteuils académiques. Cuvillier-Fleury, M. de Pontmartin, le comte de Falloux, Dumas fils, le maréchal Vaillant, le maréchal Canrobert et une foule de célé-