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le mort.


« Soumis comme un esclave à ta toute-puissance,
« Pourquoi me frappes-tu, quand seul et sans défense
« Je ne suis plus bon qu’à souffrir ?
« Quel mal t’ai-je donc fait, pour que toujours ta haine
« Me torture le cœur ?… Ah ! pour briser ma chaîne
« Je ne peux plus même mourir ! »

le ver.


« Que t’avait fait l’oiseau, cette lyre qui chante
« Un hymne doux et solennel ?
« Que t’avait fait la fleur, la fleur frêle et charmante
« Reflétant les splendeurs du ciel ?

« Pourtant tu la brisais dans ta course insensée,
« Comme un enfant brise un jouet,
« Et tu foulais aux pieds la pauvre délaissée,
« Sans lui donner même un regret.

« Courbé par le malheur, isolé, sans défense,
« Quand tu marchais silencieux
« Et cherchais en pleurant, pour calmer ta souffrance,
« Un rayon d’espoir dans les cieux,

« Que faisaient tes amis, tes amis de la terre,
« Qu’autrefois nourrissait ta main ?
« De leurs traits acérés augmentant ta misère,
« Ils te frappaient de leur dédain !