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« Dans ce sombre royaume
« Dont moi seul suis le roi,
« Cette chair qui fut l’homme
« Est tout entière à moi.

« C’est mon bien, ma conquête !
« À moi son œil de feu,
« À moi sa noble tête,
« Ce chef-d’œuvre de Dieu !

« À moi sa lèvre fière !
« À moi son cœur profond,
« Dont les biens de la terre
« Ne trouvaient pas le fond.

« Oh ! l’homme me méprise,
« Moi, l’humble vermisseau,
« Et pourtant je le brise
« Comme un faible roseau.

« L’homme toujours oublie
« L’inexorable loi
« Qui veut, après la vie,
« Que le Ver soit son Roi.

« Trop longtemps, sur la terre,
« Il sème sous ses pas
« Un sillon de misère
« Qu’il ne soupçonne pas.