« Oui, ta chair, maintenant sans force et sans défense
« Et pleine de corruptions,
« Elle en fera bientôt la nouvelle semence
« Qui doit féconder ses sillons.
« Sur le champ du repos quand la brise sereine
« Vient souffler dans l’ombre des nuits,
« Elle emporte en passant cette poussière humaine
« Qui doit se transformer en fruits.
« Quand au pied de l’autel la douce fiancée
« Vient courber son front virginal,
« C’est peut-être du cœur de sa sœur trépassée
« Qu’est fait son bouquet nuptial.
« La terre, par la mort sans cesse rajeunie,
« Voit passer fleurs et nations :
« Ainsi Dieu l’a voulu ; de la mort naît la vie,
« Comme l’épi sort des sillons.
« Et moi-même, le Ver, oui, moi-même, le Maître,
« Devant qui tremble toute chair,
« La mort me saisira, puis elle fera naître
« De mon cadavre un nouveau ver. »
« Comme moi tu mourras ! Quoi ! la Mort, notre reine,
« Aussi t’écrasera sous sa main souveraine