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À M. ET Mme  HECTOR BOSSANGE


soixantième anniversaire de leur mariage


Montréal, 14 octobre 1816 — Citry, 14 octobre 1876.

 
Ils sont bien loin de nous ces premiers jours du monde
Où, prodiguant ses dons, la nature féconde
Laissait vivre mille ans ses enfants nouveau-nés ;
Où l’univers entier rayonnait de jeunesse,
Où la mort, ne trouvant nulle part la vieillesse,
S’éloignait, en tremblant, de nos frères aînés.

À vingt ans aujourd’hui, quand l’âme épanouie,
S’enivrant de soleil, d’amour, de poésie,
Demande à l’avenir le secret des destins,
Soixante ans sont pour elle une éternelle vie,
La coupe inépuisable où coule l’ambroisie,
Et l’ultima Thule de ses espoirs lointains.

Comme pour ces époux dont les livres bibliques
Nous racontent l’histoire et les vertus antiques,
Ces soixante ans, pour vous, n’ont commencé qu’au jour
Où, sur les bords heureux de la Nouvelle-France,
De vos cœurs de vingt ans couronnant la constance,
Vous avez vu l’hymen consacrer votre amour.